6 mois

Publié le 29 Avril 2017

6 mois

 


6 mois, 2 trimestres, 26 semaines, 180 jours depuis ma dernière injection. Ces derniers mois sont passés à une vitesse fulgurante.

 


J'ai dansé et dansé encore le rock, plusieurs fois par semaine, des heures durant, en tournant et en sautant, comme si je n'étais pas enceinte, comme si être deux ne changeait rien.

 


J'ai travaillé comme une dingue pour les deux travails que je cumule, une administration et des cours à la fac, j'ai donné de mon temps la journée, le soir et le week-end, je n'ai pas pris de vacances.

 


J'ai sauté quelques repas, mangé quelques aliments interdits et me suis gavée de mangues. J'ai porté des talons, tout le temps, j'ai mis des robes de grossesse au premier mois et mes jeans d'avant grossesse au sixième mois. J'ai déménagé des meubles lourds, je me suis fait mal au dos et puis c'est passé.

 

 

Je me suis rendue mécaniquement à mes rendez-vous mensuels, j'ai toujours été encouragée par les professionnels de santé à continuer à vivre ma vie comme je le sentais tant que tout allait bien.

 


Je me suis fait plaisir, je me suis acheté une voiture, un petit machin neuf rien qu'à moi, et j'ai avalé les kilomètres, seule ou accompagnée. J'ai eu envie de me faire un tatouage et d'apprendre à skier, puis je me suis souvenue que j'étais enceinte.

 


J'ai fait de la gymnastique presque tous les matins. Je n'ai pas mis de crème sur le ventre et je n'ai pas eu de vergetures, mais j'ai continué à me tartiner d'antirides et à me teindre les cheveux.

 


Je ne suis pas passée aux caisses prioritaires, j'ai acheté un maillot de bain de grossesse qui me fait ressembler à Obélix alors je ne suis pas allée à la piscine. Je n'ai pas eu l'ombre d'une nausée mais j'ai fait quelques insomnies, pour passer le temps j'ai trié le linge et écrit un livre, j'en suis à 210 pages.

 


J'ai vécu pour moi, à cent à l'heure, comme si j'étais seule, comme si ma vie n'avait pas changé. En fait si, comme si elle allait changer bientôt, comme s'il y avait une urgence de vivre, là, tout de suite, maintenant, comme s'il fallait rattraper ce temps perdu à faire tous ces examens et suivre tous ces traitements. J'ai pris mon bébé sous le bras, et je lui ai dit : "Allons-y, tu verras, la vie c'est chouette, tous les deux on ira loin, regarde comme ça vaut le coup."

 


Mais une sage-femme a doucement tiré sur la corde qui me maintenait en l'air tel un ballon de baudruche, et elle m'a fait redescendre sur terre : "Votre col est ramolli, il faut lever le pied." Arrêt de travail immédiat, la fête est finie. Finie la danse, finis les kilomètres en voiture, je vais passer à la phase 2 de mon état transitoire : je vais couver.

Rédigé par Celuiquimanque

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