9 NOVEMBRE 2016 - La roue tourne dans le mauvais sens

Aujourd’hui, mon moral est au plus bas. Ma poitrine a dégonflé, mes douleurs au ventre se sont intensifiées, ma température a chuté, mon bouton d’acné est arrivé, j’ai quelques pertes rosées, je suis d’une humeur massacrante et mes tests de grossesse sont négatifs : aucun doute, je vais avoir mes règles.

« Je suis tombée enceinte juste avant de commencer les traitements ! », « Je suis tombée enceinte dès le premier cycle de traitements ! » disent les Unes et les Autres.

Ces phrases ne seront pas pour moi. J’ai pourtant fait exactement comme il fallait : je me suis piquée à heure fixe, chez moi, chez des amies, au travail, en traînant mon sac isotherme comme un boulet. Je me suis sagement rendu à tous mes rendez-vous divers et variés, à n’importe quelle heure. J’ai arrêté de pleurer, de me morfondre, de jalouser les autres. Je me suis tournée vers la médecine douce, j’ai pris mes Fleurs de Bach tous les matins. J’ai respecté le protocole médical à la lettre, et pourtant, je n’ai rien gagné, tout est à recommencer.

Je savais qu’à un moment, ma vie allait partir à vau-l’eau. J’ai eu trop de chance jusque-là et le destin me le fait payer. Nous n’avons jamais connu de grands malheurs, pas de décès dans la famille proche, pas de chômage, pas de maladie grave. Nous habitons une jolie maison et avons un fils adorable, obéissant, curieux et intelligent. Nous nous entendons bien avec nos familles et avons une vie sociale riche.

Certaines personnes disent : « la roue tourne ». Je le confirme, il y a une justice quelque part : on ne peut pas être heureux trop longtemps. Vous avez envie d’avoir plusieurs enfants ? Non madame, ce n’est pas pour vous. Vous, vous allez galérer, pleurer, prier, attendre, vous révolter, mais pas porter plus d’un enfant. Votre quota de « 1 » est déjà rempli, et estimez-vous heureuse, certaines ont un quota de « 0 ».

Nous avons le projet d’agrandir notre maison mais je commence à me demander si cela sera nécessaire. Nous errerons comme des damnés dans des pièces sans cris d’enfants, sans jouets qui trainent, sans lits à barreaux.

Hauts les cœurs, tout n’est pas perdu, je revois ma gynécologue dans quelques jours et je repartirai au combat. Je n’ai pas dit mon dernier mot. Après tout, ce n’était que le premier cycle de stimulation.